La tension monte chez Mory Ducros. Mis en redressement judiciaire le 26 novembre, le numéro 2 français de la messagerie, derrière Géodis, devrait être bientôt fixé sur son sort.
Le 31 janvier, le tribunal de commerce de Pontoise (Val d'Oise) examinera les offres de reprise déposées au début du mois. Quelle que soit l'issue, la casse sociale devrait être importante : au moins la moitié des 5 000 employés du transporteur devrait perdre son emploi, sans parler de l'impact sur les sous-traitants. Effrayés par cette issue présentée comme inéluctable, les salariés ont décidé de faire monter la pression sur le propriétaire de Mory Ducros, le fonds de retournement Arcole Industries, et sur le gouvernement. Etat des lieux.
Des offres de reprise modestes
Quatre offres de reprise ont été présentées le 3 janvier au tribunal de commerce de Pontoise. La plus importante émane d'Arcole Industries, l'actionnaire actuel de Mory Ducros. Le fonds de retournement propose de reprendre 1 900 salariés sur les 5 000 de l'entreprise, dont 1 754 directement chez le transporteur et le reste dans ses filiales. Au total, Arcole prévoit de ne conserver que 45 agences sur les 85 de l'entreprise, mais n'a pas dit lesquelles il compte sauver.
Les trois autres offres sont plus modestes. L'une émane du transporteur normand Malherbe, qui proposerait de reprendre 400 salariés, selon les syndicats. Une autre est portée par un groupement de PME intéressées par la reprise des agences de Mory Ducros situées dans le nord de la France. Elle ne concernerait que 200 emplois. Enfin, la dernière offre ne porte que sur la reprise de matériels du transporteur.
Le gouvernement aux aguets
Désireux d'éviter une flambée sociale, le gouvernement multiplie les initiatives. Le 9 janvier, Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a annoncé que l'Etat comptait soutenir le plan de relance de 50 millions d'euros présenté par Arcole Industries, via un prêt de 17,5 millions d'euros. Le reste du plan doit être financé par le fonds de retournement lui-même (à hauteur de 17,5 millions d'euros) et par un prêt bancaire (15 millions d'euros).
Le gouvernement a également annoncé de nombreuses mesures d'accompagnement social pour les salariés qui vont perdre leur emploi : «le maintien du salaire pendant un an avec le contrat de sécurisation professionnelle», «le financement de toutes les formations sur tous les projets professionnels qui auront été validés» et «la prise en charge partielle pendant deux ans du différentiel de salaire pour qu'il n'y ait pas de diminution du pouvoir d'achat», a détaillé M. Montebourg. Un préfet chargé de suivre spécialement le dossier devrait être également nommé.
En échange de ce soutien, le ministre du redressement productif assure avoir obtenu le départ de l'ensemble de la direction du transporteur, dont les salariés ne veulent plus. De même, il dit avoir engagé des discussions avec les différents repreneurs pour tenter d'améliorer leur offre et notamment le nombre d'emplois sauvés. Mais ces négociations n'auraient pas abouti pour l'instant.
Enfin, des consultations ont été lancées avec l'ensemble du secteur. L'idée ? Obtenir que des transporteurs reprennent des salariés de Mory Ducros en échange de l'abandon par celui-ci d'un certain nombre de clients, représentant un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros. « Si les professionnels de la messagerie veulent les 300 millions d'euros, ils doivent s'engager sur la reprise des salariés de Mory Ducros », a indiqué Fabian Tosolini, porte-parole de la Fédération CFDT des Transports, à l'issue d'une réunion organisée le 14 janvier avec M. Montebourg et Frédéric Cuvillier, le ministre délégué des transports.
Des salariés méfiants
Jusqu'ici relativement calmes, les salariés du transporteur multiplient les actions depuis quelques jours. Le 15 janvier, ils ont momentanément bloqué l'accès à plusieurs agences, notamment à Arras (Pas-de-Calais), Beauvais (Oise) et Rouen (Seine maritime).
Lire l'article complet