Si la faillite de la France est inéluctable, il ne faut pas pour autant la désirer, mais la craindre et s’y préparer en manifestant son engagement envers la liberté.
Puisque l’on tient pour à peu près certain que l’État français va faire faillite, soit en étant incapable de financer ses dépenses, soit en déguisant cette faillite par l’inflation massive ou autres délicats procédés, il faut se demander d’une part si cette faillite est désirable, et j’ai tenté de répondre à cette question dans mon précédent article, et d’autre part ce qu’il convient de faire, en tant que libéraux, face à la faillite qui arrive.
Il n’y a pas, parmi les libéraux, d’unanimité dans la ou les réponses à donner à ces questions. Bien sûr, chacun est libre de se préparer à sa manière. Toutefois il me semble difficile de s’épargner la réflexion, et suite aux commentaires et réactions suscités par l’article précédent, je souhaite apporter quelques points de précision. En un sens, l’étude du cas de la faillite de l’État s’affirme comme un révélateur des postures générales, mais profondes, des diverses opinions libérales sur la chose publique.
La position que je défends est la suivante : si la faillite est inéluctable, il ne faut pas pour autant la désirer, mais la craindre en tant que menace à l’équilibre de l’ordre social et de la Nation, et s’y préparer en manifestant son engagement envers la liberté. Cette position a suscité des objections et l’expression d’autres positions sur lesquelles je veux revenir.
Première position, qui est une objection : la Nation est une idée socialiste, si ce n’est collectiviste. La faillite de l’État est désirable parce que le carcan collectiviste qu’est la Nation disparaîtra avec lui et sa chute libérera l’individu de toute contrainte collective, le laissant libre.
Évidemment, la Nation n’est pas une invention socialiste. La France n’est pas apparue tout d’un coup dans l’esprit de chacun aux XVIII-XIXè siècles avec le socialisme.
Elle n’est pas plus un collectivisme, dans la mesure où la Nation n’est ni une théorie, ni une pratique politique, mais une réalité, certes difficile à définir, une « chose vivante »[1] qui s’impose d’elle-même comme la famille, favorise le développement des individus et s’offre comme terreau à leur liberté. La faillite de l’État français risque bien d’affaiblir, par contrecoup, cette Nation qui est un des plus grands biens de chaque Français.
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