L’ex-numéro un mondial des panneaux solaires, en défaut de paiement depuis mars, va recevoir au moins 150 millions de dollars d’un fonds d’investissement public. Il s’oppose par ailleurs à une procédure de faillite forcée.
La fabricant chinois de panneaux solaires Suntech, qui s’était placé en mars en défaut de paiement, a indiqué qu’il allait être renfloué par une firme d’investissement publique et qu’il refusait une faillite contrainte aux Etats-Unis. Wuxi Guolian Development Group, une société chinoise d’investissement adossée à un gouvernement local, s’est engagée à injecter «au moins» 150 millions de dollars dans Suntech, a annoncé ce dernier jeudi soir dans un communiqué.
Firme cotée à New York, Suntech, autrefois numéro un mondial du secteur, avait admis mi-mars avoir échoué à payer une échéance obligataire de 541 millions de dollars. Ce qui l’avait contraint à engager sa principale entité, Wuxi Suntech, dans une procédure de faillite en Chine afin de se restructurer.
La société Guolian est une émanation du gouvernement de la ville de Wuxi (est) où est basé Suntech. Son intervention reflète la volonté des autorités locales d’encourager la survie du fabricant de panneaux solaires, important contribuable et employeur de la région. Une autre firme locale s’est engagée à investir dans Wuxi Suntech Power, une filiale de Suntech.
Opposé à une faillite forcée
Dans un communiqué distinct, Suntech a par ailleurs indiqué qu’il allait s’opposer à une procédure de faillite forcée aux Etats-Unis, demandée devant la justice américaine par un groupe de créanciers. Un tribunal de New York s’est prononcé en septembre en faveur de ces créanciers, qui détiennent au total environ 1,6 million de la dette de Suntech.
Suntech a vu son cours à Wall Street terminer jeudi sur un repli de 1,43% à 1,38 dollars. Le titre a perdu environ 14% de sa valeur depuis le début de l’année.
Ces dernières années, Suntech avait cherché à engranger des parts de marchés en abaissant fortement ses prix de vente, jusqu’à des niveaux que certains de ses concurrents jugeaient non rentables. Conséquence de la stratégie de bas tarifs pratiqués par Suntech et d’autres firmes chinoises (Yingli, Trina, Canadian Solar), les prix des panneaux solaires s’étaient effondrés de 45% en 2011, puis de 25% en 2012, selon le cabinet IHS, ce qui avait in fine fragilisé l’industrie toute entière.
Suntech avait enregistré une perte d’un milliard de dollars en 2011. Un plongeon vertigineux dans le rouge de ses finances s’était ajouté une fraude révélée en juillet 2012 -- avec une garantie de 680 millions de dollars qui s’est avérée fantôme.
Différends Europe-Chine
Le secteur du solaire fait l’objet de vifs différends commerciaux entre Pékin d’une part, et l’Union européenne et les Etats-Unis d’autre part, qui accusent les groupes chinois d’être excessivement favorisés par de larges subventions publiques.
Soucieuses d’éviter une guerre commerciale, la Commission européenne et les autorités chinoises sont parvenues fin juillet à un accord provisoire sur le volet antidumping de cette enquête. L’UE a ainsi accepté de mettre fin aux taxes antidumping provisoires qu’elle imposait depuis début juin aux exportateurs chinois, à condition que ces derniers respectent un prix plancher. Cet accord doit s’appliquer jusqu’en 2015, en attendant l’entrée en vigueur des mesures définitives sur lesquelles se prononceront les pays membres de l’UE en décembre.
La Commission européenne a, de son côté, terminé fin août son enquête anti-dumping. Celle-ci conclut à des subventions gouvernementales «pouvant atteindre jusqu’à 11,5% du chiffre d’affaires» des fabricants chinois, selon EU ProSun, qui regroupe les entreprises européennes du secteur.
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