Un goût amer et un triste hasard du calendrier. Deux toutes jeunes entreprises de lingerie - les Atelières et Monette - qui ont souhaité promouvoir le made in France, n'ont pas réussi à trouver le financement suffisant pour exister durablement et devraient être mises en liquidation avant la fin de la semaine.
« Trois raisons nous ont amenés à prendre cette décision douloureuse », explique-t-elle. Au premier chef, elle cite « le refus des banques de nous soutenir ». Deux banques ont refusé de consolider les financements prévus par le préfet de Région, ce qui a remis en cause l'ensemble du montage financier de 1,03 million d'euros. « Dans notre pays, les banques sont plus fortes que la République. Avec notre argent, elles exécutent chaque jour des dizaines de PME », déplore Mme Pernin.
« MÉPRIS POUR LES SAVOIR-FAIRE HUMAINS »
Elle pointe également « le mépris pour les savoir-faire humains : les dispositifs d'innovation, en partie portés par la Banque publique d'investissement [BPI] sont centrés sur la robotisation ». La présidente des Atelières assure que « la BPI, malgré les bonnes intentions politiques, est l'instrument des grands groupes, non pas des PME. Or ce sont les PME qui créent l'emploi en France ».
Mme Pernin explique également avoir souffert d'« une filière anéantie et peu capable de se réinventer ». A ses yeux, « la fabrication française est un grand mensonge. Les produits made in France sont souvent conçus à l'étranger et finalisés en France. Tous les jours, les consommateurs sont bernés par les étiquettes made in France, qui est une norme a minima et le cache-sexe médiatique d'un pays qui a abandonné ses métiers ».
L'équipe de Monette, la marque de lingerie haut de gamme en soie, créée par Assya Hiridjee, qui emploie une quinzaine d'anciennes ouvrières sur un ancien site de Lejaby à Bourg-en-Bresse (Ain), déplore aussi que « notre marque 100 % française » , même si elle plaît, « ne peut pas assurer son développement ».
La marque est certes vendue au Bon Marché, au Printemps, aux Galeries Lafayette à Paris et exportée aux Etats-Unis et en Asie. Cela ne suffit pas. « Nous avons tout mis en œuvre ces derniers mois pour collecter des fonds afin de sauver notre outil de fabrication » mais « les deux investisseurs de notre tour de table recherchent à leur tour d'autres partenaires pour compléter notre besoin global de 1 million d'euros », affirment les salariées.
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